Cahiers de doléances des paroisses du Bailliage de Neufchâtel-en-Bray

Par E. LE PARQUIER - Rouen - 1908

 

BAILLY-EN-RIVIERE

 

Dép. Seine Inf. Arr. Dieppe. Cant. d'Envermeu. A 5 km E. d'Envermeu, 20 km S.-E. de Dieppe.

Généralité. Rouen. Election. Eu

Pop. 1789 : 163 feux.

 

Procès-verbal (modèle imprimé).

Assemblée électorale 8 mars. Devant Ch. Creton, syndic. 19 comparants : Joseph Breton, Nicolas Vaillet, Pierre Vassard, Benoît Huisse, Hubert Malet, Jos. Fleury, Nicolas Dage, Nicolas Holingue, Jacques Vailland, Louis Jovelin, Antoine Hamel, Jean-Bapt. Graffard, Nicolas Dumont, Pierre Le Vasseur, Antoine Grandpierre, Jacques Laignel, Louis Feuques, Antoine Moreant, Louis Guerrier.

Députés : Pierre Vassard, Benoit Huisse.

CAHIER

Cahier de plaintes, doléances, remontrances.

Il se trouve dans ladite paroisse 163 feux dans laquelle il s'en trouve presque la moitié à la mendicité par de petites occupations et nombres d'enfants et l'autre partie faisant valoir un mauvais terrain dans l'étendue de toute la paroisse par la mauvaise position du terrain dont la plus grande partie des terres se trouve en pente et perd son engrais par des pluies et des orages qui surviennent qui avec l'engrais emportent la terre et inondent les fonds, une autre partie en cours et pâtis qu'on ne peut labourer, une autre qui ne vaut pas les frais de labour.

Il se trouve plusieurs gros décimateurs dont la paroisse est composée de trois curés qui rendent les cures très médiocres et que les curés vivent avec peine.

La paroisse est surchargée d'impôts et le plus à charge est le sel.

En outre que la banalité des moulins soit anéantie et que l'on soit libre d'aller aux endroits où l'on sera le plus content.

Que la dîme de seigles soit anéantie puisque nous lions les autres grains avec, ce qui fait que nous la payons deux fois.

Comme aussi la dîme de cochon de lait, volailles, laine et agneau puisque nous les nourissons avec les grains déjà dîmés (1).

Que le sel soit libre.

Que la France soit réunie en pays d'Etats.

Que chacun paie une égale portion de son revenu.

Que les gabelles, les gardes de sel soien abolis, ainsi que les commis.

Que le commerce soit libre tant par mer que par terre sans payer de droits.

Que les abus des gardes-haras soient réformés vu qu'ils sont rares et les droits chers…(Ici une phrase incompréhensible.)

Que, les fermiers se trouvant abusés en payant fort cher et n'ayant point de poulains, il leur soit permis d'avoir un bon cheval pour faire des poulains dans leur écurie pour la culture et le bien de l'Etat.

Que l'entrée dans les villes et bourgs soit libre tant pour les boissons que pour d'autres marchandises sujettes à entrer dans les villes et bourgs.

(1) Ce sont les dîmes insolites, dont se plaignent un si grand nombre de nos cahiers. Les dîmes de cochon de lait, volailles, agneau, sont appelées quelquefois dîmes de charnage. Nous retrouverons ce mot dans la suite.

Que les curés de chaque paroisse soient obligés de réparer leur presbytère sans aide des propriétaires.

Que la taille et autres impositions royales soient assises par la municipalité de chaque paroisse.

Que toutes les choses soient égalées à proportion de son occupation (1).

Que les seigneurs et curés de paroisse faisant valoir soit leur bien ou bénéfice soient sujets aux mêmes impositions que tous les autres particuliers.

Il est aussi de l'intérêt que tous les poids et mesures soient égales.

La suppression du droit de franc fief pour les roturiers.

Que la noblesse paie de même que lesdits roturiers.

Que les colombiers soient totalement détruits vu que les pigeons sont des animaux ruineux dans les moments de semence et récolte.

Que les centièmes deniers en succession collatérale soient anéantis où beaucoup de personnes pèchent par ignorance ce qui augmente les droits et devient ruineux comme de frère à frère et de sœur à sœur.

Que le tirage de la milice soit anéanti puisqu'il se trouve dans les villes assez de jeunes gens pour servir le roi et qui cherchent à le servir, comme aussi pour la marine (sans doute : comme aussi les levées pour la marine) ce qui dévaste toutes les campagnes.

Aux environs de la mer qu'il leur soit permis au moins d'en acheter (sans doute ; d'acheter un remplaçant) à prix d'argent qui feront (ce qu'ils feront) de bonne volonté.

Et que les domestiques des seigneurs et des curés soient sujets au même sort que les fils de laboureur et de commerçant (2).

Que les gros décimateurs ou fermiers soient tenus de ne point vendre de fourrages provenant desdites dîmes qu'aux particuliers des paroisses où elles sont excrues.

(1) Sans doute : que les impositions soient proportionnées à l'étendue des terres occupées par chacun.

(2) C'est-à-dire soient astreints au tirage au sort de la milice : leur exemption constituait un privilège scandaleux contre lequel s'élèvent avec raison nos cahiers.

Demandons que l'imposition territoriale passe et se paie en argent ou que la dîme ecclésiastique soit payée en argent et que l'imposition territoriale soit payée en grains.

Nous demandons que les chemins voisins pour aller dans les bourgs et villes soient remis en état dû aux dépens des riverains et bénéficiers des paroisses. (Signatures de P. Vassard, Benoît Huisse, Nicolas Dage, Ant. Grandpierre, etc. etc.)

Pages 15 à 18 du livre cité.

Page principale | Cahiers de doléances